Pourquoi prendre soin de la collectivité est l’affaire de tous.
Dans le marché de l’emploi de cette période post-pandémie, les employés éventuels seront en position de force[1]. Beaucoup auront plusieurs options d’emploi et d’offres à envisager.
En gardant à l’esprit ce marché concurrentiel pour les talents, les organisations qui vont au-delà des méthodes traditionnelles pour démontrer qu’elles ont une incidence positive sur les collectivités qui les entourent pourraient être mieux placées pour réussir à attirer et à fidéliser des candidats de haut niveau.
Mais y a-t-il autre chose en jeu que d’attirer des talents lorsqu’il est question de mobiliser la collectivité? Comment les professionnels des RH devraient-ils intégrer la communauté à leur stratégie de bien-être?
La pandémie a causé la suspension des activités courantes, forçant les employeurs et les employés à repenser les concepts acceptés du travail et à s’adapter rapidement à un monde incertain en évolution rapide.
Le fait de voir la famille, les amis et les voisins aux prises avec des difficultés liées à la COVID-19 a mis en évidence l’importance de nos collectivités. Les membres de la collectivité et les entreprises ont travaillé sans relâche pour veiller à ce que leurs membres les plus vulnérables reçoivent des soins et soient protégés.
Mais alors que la vie commence à revenir à la normale, les employeurs vont-ils continuer à avoir cet esprit communautaire? Pourraient-ils aller encore plus loin et apporter une contribution importante à la collectivité en général?
Dans ce contexte, une chose est certaine : les employés pensent à leur avenir et à leur rôle dans la société. Dans le cadre du sondage de McKinsey sur la raison d’être individuelle 2020[2], près des deux tiers des employés aux États-Unis ont déclaré que la COVID-19 les avait amenés à réfléchir à leur raison d’être dans la vie, tandis que près de la moitié d’entre eux ont déclaré qu’en raison de la pandémie, ils repensent le type de travail qu’ils font.
Dans cet article, nous étudions comment le fait de travailler avec compassion peut unir les organisations, les employés et les collectivités autour d’un objectif commun. Nous nous demandons également en quoi cette compréhension a aidé l’équipe des RH de Pratt & Whitney Canada à élaborer une stratégie de bien-être vraiment globale.
Avec la contribution de :
- Alexandra Georgescu — Vice-présidente, Solutions pour la santé, Aon
- Jim Winkler — Chef des services-conseils et spécialités mondiales, Solutions pour la santé d’Aon
- Annick Laparé — Directrice, Rémunération globale, Pratt & Whitney
- Emmanuelle Gaudette — Directrice adjointe, Santé et bien-être, Pratt & Whitney Canada
Raisons pour lesquelles votre entreprise devrait établir un lien avec la collectivité
Les employeurs, peu importe leur taille, ont les moyens de faire une différence dans leur collectivité. Qu’il s’agisse d’un épicier local qui offre des rabais aux aînés ou d’une grande société qui finance des programmes de bénévolat d’employés ou de reconstruction de quartiers, chaque organisation peut avoir une incidence positive au-delà des murs de ses bureaux ou de son usine.
Redonner à la communauté est toujours une bonne chose. Un autre avantage important est que les employés se sentiront bien à l’égard d’eux-mêmes et des entreprises pour lesquelles ils travaillent. Lorsque le sentiment d’appartenance d’un employé correspond aux valeurs de l’entreprise pour laquelle il travaille, il s’agit d’une combinaison puissante.
« Si vous offrez plus qu’un simple emploi, vous augmentez vos chances d’attirer et de fidéliser des employés heureux. »
Alexandra Georgescu — Vice-présidente, Solutions pour la santé, Aon
La pandémie a mis en lumière des enjeux liés à la diversité, à l’équité et à l’inclusion comme jamais auparavant. Les chefs d’entreprise compatissants savent que leur entreprise fait partie du monde qui nous entoure et que leurs organisations doivent mieux refléter la société. Il n’est plus possible d’ignorer ces problèmes. Le partage des ressources pour créer plus d’équité est un moyen inestimable de montrer que votre entreprise se soucie du bien-être de tous.
« Le sentiment de responsabilité sociale est très généralisé à tous les échelons de la société, mais particulièrement chez les jeunes générations. Je pense que les employeurs gagneront beaucoup à parler de leur façon, à adapter leur pensée et à se joindre à eux dans cette mission. »
Alexandra Georgescu — Vice-présidente, Solutions pour la santé, Aon
Bien sûr, il n’est pas toujours facile ni confortable pour les dirigeants d’entreprise d’adopter une position sur les enjeux qui touchent leurs employés et leurs collectivités. À cet égard, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir. Toutefois, les opportunités sont là pour les organisations qui ont le courage de le faire. Comme l’a souligné madame Georgescu, saisir ces occasions d’établir des liens avec les gens au sujet de ces enjeux liés à la responsabilité sociale et organisationnelle exige souvent du courage, notamment de la part des entreprises. Les organisations multinationales font souvent face au défi supplémentaire de devoir obtenir une autorisation, et ce qui est important pour les personnes peut changer grandement d’un marché à un autre, en particulier pour celles qui englobent les économies émergentes et développées. Mais, comme l’affirme madame Georgescu, ceux qui obtiennent l’autorisation d’agir sont là pour attirer de nouveaux talents qui se tournent vers les employeurs qui font réellement une différence.
Laissez les données orienter une stratégie de bien-être globale et flexible
La meilleure façon de réellement comprendre les facteurs et les enjeux importants qui touchent le bien-être de vos employés est d’analyser les données.
Pratt & Whitney Canada, une entreprise qui conçoit, fabrique et entretient des moteurs d’avion, a réalisé une étude de toutes les données qu’elle détenait sur la santé de ses employés il y a quelques années. Même si le fait de faire passer les gens et la collectivité avant tout a toujours fait partie de l’ADN de l’entreprise, celle-ci n’avait pas conscience de l’ampleur du problème de la santé mentale avant que les données ne le révèlent.
« Nous avons réalisé une étude sur nos données globales en matière de santé, qui nous a permis de constater que la santé mentale est un problème important pour notre personnel. Nous ne sommes pas différents de nombreuses organisations du Canada et du reste du monde, mais chez Pratt, notre principal problème de santé est la santé mentale, et comme nous voulions aborder ce problème et réellement aider nos employés, nos gestionnaires et notre organisation, nous avions besoin d’une approche plus globale. »
Emmanuelle Gaudette — Directrice adjointe, Santé et bien-être, Pratt & Whitney Canada
Les données tirées de cette analyse ont permis à l’équipe de mieux-être de Pratt & Whitney Canada de mettre sur pied un programme de bien-être global mieux adapté aux besoins de chaque employé. Toutefois, les données quantitatives à elles seules ne peuvent donner un aperçu des causes premières des tendances en matière de mauvaise santé; pour cela, les employeurs doivent adopter une perspective plus large de la collectivité et des situations dans lesquelles se trouve leur main-d’œuvre.
Durant la pandémie, Pratt & Whitney Canada a fait un effort supplémentaire pour ses 6 000 employés canadiens en créant un carrefour de vaccins communautaires, comme l’explique madame Laparé :
« Pratt & Whitney est l’un des plus grands employeurs de la collectivité, de sorte que beaucoup d’employés et les membres de leur famille vivent à proximité. Nous avons toujours mené de vastes campagnes pour aider la collectivité, alors je pense que d’étendre la plateforme de vaccination au-delà de notre main-d’œuvre directe n’était qu’une étape naturelle pour nous assurer que nos employés seraient en sécurité. Cela incluait les membres de la famille des employés, parce que si la famille d’un employé est à risque et ne peut pas accéder aux vaccins, alors du point de vue mental, il est aussi touché. »
Annick Laparé — Directrice, Rémunération globale, Pratt & Whitney
La mise en œuvre d’initiatives communautaires visant à protéger la santé physique, comme le fait d’offrir des vaccins pendant une pandémie, est relativement directe. Mais les collectivités peuvent aussi avoir une incidence sur la santé mentale. Par exemple, les recherches montrent que la prévalence de la dépression majeure a augmenté de 7 % au sein des populations durant les périodes de troubles sociaux[3]. Cette augmentation s’est produite, peu importe si les personnes touchées étaient ou non elles-mêmes des participants, ce qui laisse croire à un effet de débordement dans la collectivité. Il est essentiel de comprendre la situation de ces collectivités pour les employeurs qui veulent assurer la productivité et le bien-être de leur main-d’œuvre. Prendre des mesures pour offrir du soutien à ces collectivités, lorsque cela est possible et approprié, peut être une importante mesure proactive.
Comme le démontre l’initiative de vaccination de Pratt & Whitney Canada, lorsque les employeurs examinent les facteurs qui influencent la santé de leurs employés, le fait d’offrir leur compassion et leurs ressources à l’ensemble de la collectivité peut protéger la santé physique et mentale de leurs employés.
N’oubliez jamais que les employés forment aussi une communauté
Prendre soin de l’ensemble de la collectivité et donner aux employés la possibilité d’avoir une incidence positive sur celle-ci est un élément qui contribue à bâtir et à fidéliser un effectif plus heureux et en meilleure santé. Toutefois, comme une personne passera la plus grande partie de son temps au travail, il est tout aussi important de réfléchir à la façon dont cette période lui permet de favoriser un sentiment d’appartenance au sein d’une culture qui favorise sa santé.
En ce qui concerne la santé mentale, madame Laparé et madame Gaudette décrivent leur approche chez Pratt & Whitney Canada comme créant un écosystème positif et protecteur pour leur main-d’œuvre.
« Sensibiliser les gens et les faire parler avec un vocabulaire commun contribue réellement à réduire la stigmatisation de la santé mentale. Dans le passé, les pratiques de l’entreprise en matière d’interventions en santé mentale étaient communiquées aux cadres supérieurs, mais maintenant, des employés partagent leurs histoires, leurs expériences et aident d’autres personnes à comprendre que ce n’est pas toujours facile, et comment ils vivent avec cela. Il s’agit d’un changement réel par rapport à il y a quelques années. Nos systèmes de soutien ne sont plus simplement du haut vers le bas, mais du bas vers le haut et à l’horizontale aussi. Toute notre équipe est plus en mesure de s’entraider. »
Annick Laparé, Directrice, Rémunération globale, Pratt & Whitney
En plus de souligner l’importance de la collectivité, la pandémie a également sensibilisé davantage les leaders compatissants aux besoins individuels et au bien-être émotionnel, ce qui a entraîné des changements importants dans l’orientation des programmes de bien-être.
Les entreprises se dirigent vers des programmes d’avantages sociaux plus flexibles conçus pour répondre aux besoins changeants des employés, leur permettant ainsi de faire les choix qui leur conviennent.
« Chaque individu est un écosystème unique. »
Jim Winkler — Chef des services-conseils et spécialités mondiales, Solutions pour la santé d’Aon
On ne saurait trop insister sur l’importance de donner aux employés la liberté de choisir parmi les options qui répondent le mieux à leurs propres besoins. Prendre soin de toutes les collectivités touchées par votre organisation peut être avantageux, non seulement pour le bien-être de vos employés, mais aussi pour le rendement de l’organisation. En fait, dès 2017, une étude de Forbes[4] a constaté qu’environ 82 % des consommateurs aux États-Unis tiennent compte de la responsabilité sociale des entreprises (RSE) lorsqu’ils décident quels services et produits acheter et où le faire.
De plus, un sondage sur les habitudes de travail des millénariaux a indiqué que 86 % des travailleurs de la génération Y accordent une grande valeur aux initiatives de RSE de leur entreprise et envisageraient de quitter les entreprises si ces politiques commençaient à être annulées.[5]
Le RCI, ce n’est pas tout
On dit « mieux vaut donner que recevoir ». « Lorsqu’il s’agit de concevoir des programmes de santé, de bien-être et d’avantages sociaux, des organisations comme Pratt & Whitney Canada adoptent cette attitude d’intention plutôt que d’avoir un impact mesurable. Toutefois, elles entendent des témoignages d’employés qui montrent que leur approche fait une différence.
« Il faut du temps avant qu’il y ait une incidence sur l’entreprise. Nous avons lancé notre programme de santé et de bien-être il y a à peine un an. On ne peut pas lui attribuer une valeur financière concrète, mais nous savons que 85 % des employés croient qu’il les aide à être plus productifs au travail. »
Emmanuelle Gaudette — Directrice adjointe, Santé et bien-être, Pratt & Whitney Canada
Au cours des dernières années, Aon a également constaté un changement dans ce que les entreprises attendent de leurs programmes de bien-être.
« Je pense que le monde des affaires a réalisé que tout n’est pas assorti d’un RCI clair et qu’il faut s’attaquer à certains problèmes, car ils doivent être réglés. Lorsqu’il s’agit d’évaluer le succès d’un programme, il s’agit davantage d’éviter les coûts que de réaliser des économies directes. Je constate beaucoup plus de changement dans les attitudes des entreprises à l’heure actuelle. Par exemple, les employeurs reconnaissent qu’un soutien proactif pour les invalidités liées à la santé mentale est essentiel pour garder les gens au travail. Les entreprises sont simplement dans un état d’esprit différent, car elles constatent que certaines étapes et certains coûts sont nécessaires, car elles envisagent la santé d’une manière beaucoup plus globale. »
Alexandra Georgescu — Vice-présidente, Solutions pour la santé, Aon
La gestion des coûts des programmes est nettement avantageuse pour les organisations qui adoptent une approche proactive à l’égard de la santé de leur main-d’œuvre, mais la compassion est essentielle pour les organisations comme Pratt & Whitney Canada, qui valorisent l’incidence de leur travail sur les personnes.
« Les histoires que nous commençons à entendre sont la mesure la plus importante de notre réussite. Nous avons entendu parler d’un gestionnaire qui a reçu une formation en premiers soins en santé mentale et qui a pu constater que quelque chose n’allait pas bien avec un de ses employés. L’employé s’est ensuite senti suffisamment à l’aise avec son gestionnaire pour dire qu’il avait des pensées suicidaires. Grâce à cette conversation, la personne dans le besoin a pu accéder à un soutien professionnel par l’intermédiaire de notre centre médical. Comment pouvez-vous mettre une valeur pécuniaire sur cela? »
Emmanuelle Gaudette — Directrice adjointe, Santé et bien-être, Pratt & Whitney Canada
Chez Pratt & Whitney Canada, travailler avec compassion et mobiliser la collectivité donne aux employés un fort sentiment de fierté et de motivation dans leur travail. L’attraction et la rétention des talents font partie de la stratégie, mais ne constituent certainement pas la seule facette.
Donner aux employés la liberté de composer avec les pressions et les défis d’un monde en constante évolution d’une manière qui répond à leurs propres besoins est la clé d’un effectif plus productif, plus mobilisé et plus résilient.
Agir avec compassion et mobiliser la collectivité – les prochaines étapes pour les gestionnaires de personnel :
- Réfléchissez à la façon dont votre organisation peut répondre aux besoins de la collectivité et à l’incidence de l’ensemble de votre collectivité sur votre main-d’œuvre
- Comprenez les données sur la santé des employés et utilisez-les pour élaborer des programmes d’avantages sociaux plus flexibles qui rejoignent la collectivité
- Mobilisez les employés et discutez de ce qu’ils attendent de leur travail et de leurs avantages sociaux
- Reconnaissez que certains programmes n’auront pas de RCI classique, mais restez à l’écoute et vous pourriez constater que vous avez eu un impact encore plus important
Si vous investissez dans le bien-être de vos employés, ils investiront en retour dans le bien-être de votre entreprise.
Toutes ces ressources sont en anglais.
[1] Une guerre pour les talents commence
[2] Sondage de McKinsey sur la raison d’être individuelle 2020
[5] La responsabilité sociale d’entreprise est essentielle pour attirer les millénariaux