Comment aborder le renouvellement des polices d’assurance des biens dans un marché qui demeure difficile
Bien que les conditions du marché commencent à s’améliorer grâce à l’introduction de nouvelles capacités et au ralentissement de l’augmentation des tarifs[1], le marché des risques immobiliers demeure difficile à gérer en raison de la COVID-19, des catastrophes naturelles et des tarifs qui demeurent inflexibles.
Les secteurs qui ont été les plus touchés sont ceux de l’énergie, de l’immobilier, de l’hôtellerie, des soins de santé, de la fabrication, du commerce de détail, de l’enseignement supérieur et des organismes publics. Cependant, le nombre croissant d’événements climatiques fait en sorte que pratiquement toutes les organisations propriétaires de biens sont à risque. De plus, la COVID-19 continue d’entraîner des tensions sur le marché. Les efforts de prévention des sinistres sont plus difficiles, le règlement des sinistres prend plus de temps, l’examen des contrats est de plus en plus minutieux et les frais de défense en cas de litige augmentent.
Aon définit une catastrophe comme un événement naturel qui produit au moins une des conséquences suivantes:
25 millions de dollars ou plus en pertes matérielles
10 décès
50 blessés
2,000 réclamations pour des dommages matériels aux maisons et aux structures.
Tous ces facteurs continuent de créer un environnement très difficile pour les gestionnaires de risques, qui doivent gérer des formes de volatilité nouvelles ou existantes. Même si un certain optimisme commence à émerger, les gestionnaires de risques doivent encore faire face aux complications du renouvellement de l’assurance des biens. Voici ce qu’ils peuvent faire pour donner une stabilité à leur programme de gestion des risques liés aux biens.
Continuez de favoriser la souplesse en ce qui concerne les décisions de renouvellement
Comme les tarifs demeurent fixes, vos tarifs seront semblables à ceux des quelques années précédentes, mais la rétention pourrait être plus élevée, et les souscripteurs seront plus rigoureux dans leur recherche de renseignements de souscription détaillés. Les tarifs continuent d’augmenter, bien que les hausses ralentissent.Même s’il n’existe pas de solution unique pour réduire les coûts, les gestionnaires de risques doivent envisager diverses options pour couvrir le risque, notamment :
- Conserver une plus grande part du risque en réduisant les limites, en augmentant les rétentions ou en réexaminant l’étendue de la couverture;
- Avoir recours à une captive d’assurance, qui peut officialiser les franchises auto-assurées et offrir une couverture flexible;
- Déployer des produits paramétriques ou d’autres modes de transfert de risques qui offrent d’autres déclencheurs fondés sur un risque indexé ou une indemnité pour un large éventail de risques.
Ce ne sont pas toutes les entreprises qui ont la résilience financière nécessaire pour assurer une rétention importante. Et certains secteurs connaissent des périodes de contraintes plus longues que d’autres. Si vous conservez une plus grande part de risque et subissez un sinistre, vous devrez probablement en assumer les conséquences financières. Utilisez les outils d’analyse de pointe offerts par votre courtier pour évaluer votre tolérance interne au risque et déterminer comment vous pouvez adapter votre programme.
N’oubliez pas: Cette année, l’objectif est d’optimiser la valeur globale, même si les coûts peuvent être plus élevés que ce que vous souhaiteriez.
Communiquez avec les parties prenantes tôt et souvent
Les dirigeants éprouvent beaucoup d’anxiété et de frustration à l’égard du durcissement du marché, surtout s’ils n’avaient pas subi de sinistres jusqu’à maintenant. Il incombe au gestionnaire de risques d’aider les parties prenantes à comprendre la dynamique du marché.
Au cours des deux dernières années, de nombreux directeurs financiers ont été plus impliqués dans les discussions sur les renouvellements qu’ils ne l’étaient par le passé, car l’assurance des biens a une plus grande incidence sur le budget que dans les années précédentes. Compte tenu de l’évolution du paysage des risques, il est probable que les autres cadres supérieurs s’y intéresseront également de plus près. Entamez le dialogue tôt, renseignez les cadres supérieurs sur le contexte du marché s’ils ne sont pas déjà informés et tenez-les au courant dès que vous recevez de nouveaux renseignements de votre courtier et de votre souscripteur. Lorsque vous communiquez souvent avec eux, vous créez une occasion de partager des surprises positives parmi toutes les mauvaises nouvelles.
N’oubliez pas que les gestionnaires d’immeubles et d’installations sont aussi vos parties prenantes. Assurez-vous qu’ils savent à quoi s’attendre afin de pouvoir vous aider à atténuer les risques sur le terrain.
Attendez-vous à des retards dans la prise de décision
Lorsque les réclamations atteignent un certain niveau de coûts pour les assureurs, le processus commence à ralentir, et le pouvoir décisionnel est consolidé entre moins de personnes. De plus, les décideurs hésitent à aller de l’avant sans l’avis de leur conseiller juridique et d’autres experts. Cela crée un goulot d’étranglement pour le règlement des sinistres et beaucoup de frustration pour les clients.
En général, les réclamations sont de plus en plus compliquées et plus fréquentes, et de nombreux aspects d’une réclamation qui étaient autrefois négociables ne le sont plus. Si on ajoute à cela les litiges potentiels et les frais de défense importants liés aux réclamations en cours concernant la COVID-19, on comprend que les entreprises doivent se préparer à ce que tout prenne plus de temps.
Quatre choses que vous devez savoir au sujet des réclamations et des litiges liés à la COVID-19
Certains assureurs paient certaines réclamations au titre d’extensions de garantie pour maladies transmissibles, selon le déclencheur de l’extension pour maladie.
Les assureurs de biens des États-Unis refusent les réclamations liées à des pertes physiques liées à la COVID-19, car ils estiment que la COVID-19 et les décrets de fermeture ne constituent pas des pertes physiques au sens strict.
Les exclusions liées au virus augmentent la probabilité statistique qu’un juge de première instance accueille une demande de rejet d’une couverture liée à la COVID-19.
Les assureurs peuvent présenter des défenses qui vont au-delà de l’absence de pertes physiques et de l’exclusion des virus, comme l’exclusion relative à la contamination ou à la pollution, la privation de jouissance, l’exclusion de la perte de marché, les délais de prescription des accidents et des poursuites.
Le taux de roulement croissant au sein des compagnies d’assurance, en particulier au sein du service des réclamations, est un autre facteur récent qui éloigne les acheteurs du résultat qu’ils souhaitent obtenir. Les relations sur lesquelles les entreprises comptaient depuis de nombreuses années pourraient ne plus exister, même à un niveau très élevé. Toutefois, même si votre relation avec votre souscripteur est intacte, elle peut ne plus présenter les mêmes avantages qu’auparavant en raison de la diminution du pouvoir de décision.
Examiner votre risque conservé dans son ensemble
L’assurance des biens n’est pas le seul secteur d’activité dont il faut tenir compte dans les décisions relatives aux renouvellements. Les entreprises devraient réévaluer leur philosophie en matière de gestion du risque en raison du durcissement continu du marché. Les professionnels du risque devront parvenir à un consensus dans l’ensemble de l’organisation sur le niveau de risque qu’elle est prête à prendre. Les chefs des finances et les autres hauts dirigeants devront concilier l’appétit pour le risque des diverses unités opérationnelles et de l’ensemble de l’entreprise.
Les gestionnaires de risques doivent additionner tous les différents risques qu’ils retiennent dans l’ensemble et comprendre ce que cela signifie pour l’entreprise. Lorsque les gestionnaires de risques présenteront leur stratégie de renouvellement aux parties prenantes, proposez plus d’une option et soulignez les réussites parmi les défis.
Alors que de nouveaux capitaux pour les instruments de réassurance existants et de nouvelles entités continuent d’entrer sur le marché, les tarifs continueront de ralentir. Malheureusement, la capacité demeure limitée. Cependant, il y a toujours des occasions pour de nouveaux produits qui pourraient apporter un certain répit aux acheteurs.
Enfin, n’oubliez pas que le marché de l’assurance est cyclique et que la tarification concurrentielle reviendra. Entre-temps, commencez tôt et concentrez-vous à être aussi informé que possible afin de pouvoir prendre des décisions entre le risque conservé et le risque transféré.
[1] Aon Global Market Overview(en anglais)