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Utilisation d'une approche du risque basée sur des scénarios pour évaluer les impacts climatiques

Même si la modélisation climatique s’est améliorée, les entreprises trouvent que les approches fondées sur des scénarios sont de plus en plus utiles pour cartographier les risques climatiques.

Au cours des 50 dernières années, les modèles climatiques traditionnels ont aidé à simuler les effets changeants des océans, de la surface terrestre et du soleil. Ils ont aussi permis de mieux comprendre les tsunamis, les inondations dans les terres intérieures et la chaleur extrême qui ont atteint des niveaux records durant la dernière décennie.

Bien que ces modèles se soient révélés particulièrement précis pour prévoir la hausse des températures à l’échelle mondiale, la fréquence et l’intensité des événements météorologiques ont poussé les organisations à aller au-delà de ces modèles pour tenir compte d’un nombre croissant de variables. Les variations des précipitations ont modifié l’étendue des crues centenaires; la hausse des températures océaniques s’est traduite par des ouragans plus puissants; et la chaleur extrême a augmenté l’intensité des feux de forêt.

 

Il n’est donc pas étonnant que, pour la seule année 2020, les pertes économiques mondiales liées aux événements météorologiques et naturels se soient élevées à 268 milliards $, soit la cinquième année consécutive où les pertes ont dépassé 200 milliards $. Les catastrophes naturelles liées à la météo ont totalisé à elles seules 258 milliards $ en 2020, ce qui en fait la cinquième année la plus coûteuse jamais enregistrée en termes de pertes liées à la météo, après ajustement de l’inflation.[1]

 

L’approche du risque fondée sur des scénarios

Une façon efficace de modéliser les répercussions potentielles des changements climatiques est de commencer par déterminer les principaux risques et la probabilité qu’ils aient une incidence sur la stratégie de l’entreprise.

Toutefois, cet exercice peut rapidement devenir difficile, car les entreprises mondiales dotées de chaînes de fabrication et d’approvisionnement complexes sont vulnérables aux événements partout dans le monde. Une entreprise qui compte sur des fournisseurs de la Nouvelle-Orléans (risque d’inondation) et de San Francisco (risque de feux de forêt), par exemple, doit tenir compte d’événements météorologiques survenant simultanément ou se succédant rapidement. De plus, certains secteurs, comme ceux des services publics et des technologies de l’information, sont plus susceptibles que d’autres d’être exposés à des risques chroniques liés aux changements climatiques. Par exemple, lorsque l’ouragan Sandy a frappé en 2012, il a détruit une grande partie des systèmes électriques de Verizon, ce qui a entraîné des pertes trimestrielles de 4,2 milliards de dollars, en dépit de la croissance du nombre de clients de l’entreprise pendant cette période.[2]

 

Une fois les risques climatiques cernés, les entreprises peuvent se concentrer sur la compréhension des conséquences potentielles et des répercussions financières qu’elles peuvent avoir, et s’efforcer d’atténuer ces risques. L’analyse des risques climatiques peut également aider les entreprises à comprendre le coût total de leur stratégie de gestion des risques, notamment l’équilibre entre la rétention, l’atténuation et le transfert des risques. Cette analyse aidera les entreprises à déterminer leur appétit pour le risque, c’est-à-dire essentiellement le niveau de risque qu’elles sont prêtes à accepter, puis à déterminer les seuils qui devraient être utilisés pour fixer les limites de risque et prendre des décisions d’affaires.

Dans certains cas, des sociétés immobilières ont modifié les projets et les investissements prévus, car leur analyse a montré que les événements climatiques étaient susceptibles de diminuer la valeur de l’actif au moment où elles chercheraient à le vendre. Pour de nombreuses sociétés qui gèrent des actifs immobiliers, cette évaluation peut être calculée à l’échelle des biens et agrégée à l’échelle du portefeuille, ce qui peut également avoir une incidence sur certaines décisions commerciales au moment de déterminer où placer ou retirer leur capital.

 

Des solutions en évolution pour gérer les risques climatiques

Bien que les assureurs ne puissent empêcher la survenue d’événements naturels ou météorologiques, ils peuvent modifier les polices et les couvertures afin de mieux gérer les répercussions complexes et changeantes des risques climatiques. Certains assureurs, par exemple, élargissent leurs offres d’assurance paramétrique, ce qui permet aux entreprises de recevoir un montant préétabli et calculé si un événement déclencheur (comme un ouragan atteignant le seuil de la catégorie 4) survient.

Ce type de police peut accélérer le délai de rétablissement pour une organisation fortement exposée aux risques liés au climat, car le paiement est versé plus rapidement que dans le cadre des polices traditionnelles. Elle permet également aux entreprises d’obtenir une certaine couverture même dans les scénarios où le risque climatique est difficile à prévoir. Les gestionnaires de risque qui comprennent leur coût total du risque peuvent utiliser l’assurance paramétrique pour que certains risques non assurables soient désormais assurables et pour compléter leurs programmes d’indemnisation traditionnels. L’assurance paramétrique peut aussi aider les organisations à apparier les capitaux fournis par l’assurance à leurs profils de risques précis, ce qui leur procure plus de liquidités au moment même où elles en ont le plus besoin.

Les parties prenantes des secteurs public et privé pourraient également jouer un rôle dans l’atténuation des risques climatiques (et aider à combler l’écart de protection) au moyen d’obligations catastrophes élargies. Même si les entreprises évaluent les risques de façon plus précise, il est probable qu’il existera toujours des lacunes en matière de protection, en particulier s’il devient difficile d’obtenir une assurance pour des risques naturels qui deviennent plus fréquents. Par exemple, en améliorant la cartographie des risques et la modélisation de scénarios, les entreprises mondiales peuvent alléger le fardeau des investisseurs obligataires. Ceux-ci seraient alors plus disposés à fournir une capacité de transfert de risques, puisqu’il y aurait sans doute moins d’incertitude quant à l’incidence que les événements climatiques auraient sur l’entreprise.

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Adopter une approche fondée sur des scénarios pour gérer les risques climatiques n’est pas une solution parfaite. Toutefois, cela permet aux organisations de mieux se préparer pour faire face aux répercussions de plus en plus complexes et importantes des changements climatiques sur leurs différents secteurs.


 

[1] Weather, Climate & Catastrophe Insight: 2020 Annual Report, Aon (en anglais)

[2] Weather, Climate & Catastrophe Insight: 2019 Annual Report (full report, en anglais)