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Comment la modification des bilans affecte l’appétit pour le risque

Avant la pandémie de COVID-19, les entreprises faisaient déjà face à un marché des risques problématique à bien des égards. La crise sanitaire mondiale et les répercussions économiques du confinement ont davantage pesé sur les bilans à mesure que les primes d’assurance des entreprises augmentaient de façon générale et que l’appétit pour le risque évoluait.

Les entreprises s’adaptent en réduisant leurs dépenses par des mises à pied et des réductions de salaire, en réduisant les dividendes et en puisant directement dans les marchés des titres de créance. Pour repenser la gestion des risques d’entreprise, il faut tenir compte de toutes ces mesures.

Les professionnels du risque doivent naviguer dans un environnement de tarification plus difficile que lors de la crise financière mondiale. Le marché est axé sur la croissance des primes, et les variations moyennes des taux sont à leur plus haut niveau en une décennie1. En période de volatilité, les gestionnaires de risque peuvent prendre certaines mesures décrites ci-dessous pour aider à répondre aux demandes du moment et atténuer les augmentations de prix.

Réévaluer l’appétit pour le risque

L’évolution des conditions financières a obligé les entreprises à examiner comment leurs objectifs stratégiques s’inscrivent dans leurs processus de gestion des risques. Les entreprises doivent évaluer le niveau de risque qu’elles sont prêtes à accepter pour atteindre leurs objectifs stratégiques.

L’appétit pour le risque est le niveau maximal de risque qu’une entreprise est prête à accepter pour atteindre ses objectifs stratégiques. La quantification du montant total qu’une entreprise mettra à risque pour atteindre ces objectifs peut orienter ses processus de gestion des risques. Il ne suffit pas de déterminer un chiffre qui englobe tous les risques. Les entreprises devraient créer et utiliser un cadre cohérent d’appétit pour le risque afin d’aider les gestionnaires à établir un équilibre entre occasions et dangers potentiels.

L’élaboration d’un cadre de gestion des risques n’est pas une tâche facile. Les professionnels du risque devront parvenir à un consensus dans l’ensemble de l’organisation sur le niveau de risque qu’elle est prête à prendre. Les chefs des finances et les autres hauts dirigeants devront concilier l’appétit pour le risque des diverses unités opérationnelles et de l’ensemble de l’entreprise. Une approche globale tiendra compte des risques opérationnels et stratégiques.

L’élaboration d’un cadre de gestion des risques révélera les attitudes et les approches à l’égard des risques dans tous les secteurs de l’entreprise. Certaines unités seront plus risquées que d’autres et pourraient avoir besoin de couvertures et de protections distinctes. Il ne s’agit pas d’adopter une approche universelle en matière de gestion des risques, mais plutôt de consolider les couvertures et les protections lorsque c’est approprié et d’évaluer le risque de façon globale. Le cadre devrait établir un lien clair entre les objectifs et les processus de gestion des risques. Il faudra des outils pour surveiller les risques et en faire rapport, ainsi que des mesures opérationnelles pour suivre les risques dans l’ensemble de l’organisation, afin de faire du cadre de gestion des risques un élément réalisable de l’entreprise.

Adopter une approche de portefeuille pour les programmes d’assurance

La volatilité des marchés signifie que les entreprises doivent faire davantage de compromis lorsqu’elles souscrivent et maintiennent une couverture d’assurance. Elles doivent établir un équilibre entre sous-protection et surprotection pour répondre à leurs besoins particuliers. Les chiffres quantifiables générés par le cadre de gestion des risques aideront les entreprises à trouver le juste équilibre entre la rétention et le transfert des risques.

Face à d’importantes modifications de bilan, les entreprises doivent réexaminer leurs hypothèses au sujet de leur appétit pour le risque, de leur exposition aux pertes et de la conception du programme de transfert des risques. L’assurance est souscrite un contrat à la fois, mais une entreprise doit examiner le portefeuille de couverture pour voir les possibilités d’épargne et les angles morts possibles. L’adoption d’une approche de portefeuille en matière de couverture d’assurance peut aider à éviter les approches coûteuses et redondantes en matière d’atténuation des risques.

L’approche de portefeuille en matière de couverture permet aux entreprises de répartir le montant de couverture entre les contrats pour offrir une meilleure protection et atténuer les augmentations de prix. Grâce à cette approche, une entreprise peut ajuster sa couverture des biens en échange d’une meilleure protection contre les cyberattaques, tout en maintenant le montant total qu’elle affecte à l’assurance et en réduisant le risque global qu’elle encourt.

L’analyse peut aider les entreprises à optimiser leurs programmes de gestion des risques en mesurant la volatilité de leurs profils de risque et en trouvant des programmes d’assurance économiquement efficaces. En examinant l’ensemble du portefeuille de protection, les gestionnaires de risque peuvent adapter leurs programmes pour maximiser la rentabilité.

Explorer les options de gestion des appétits rajustés pour le risque

Une approche de portefeuille pour les programmes d’assurance permettra aux gestionnaires de risque d’utiliser plusieurs outils pour atténuer la plus importante augmentation des risques depuis la crise financière mondiale1. Par exemple, les primes d’assurance des administrateurs et des dirigeants ont plus que doublé par rapport à l’an dernier, ce qui a amené les entreprises à rajuster leurs franchises ou les limites de leurs contrats. Trois principaux outils aideront les entreprises à s’adapter à une pression plus forte sur les prix :

  • Une captive d’assurance, lorsque l’assureur est la propriété exclusive de l’assuré, peut être un outil utile pour gérer un portefeuille de risques. Les captives peuvent permettre aux entreprises de transférer ou de retenir le risque de façon rentable.
  • Les obligations catastrophes transfèrent le risque de catastrophes naturelles des entreprises et de leurs assureurs aux investisseurs. L’investissement total dans les obligations catastrophes, qui ont été introduites en 1996, et les titres liés à l’assurance a dépassé les 100 milliards de dollars, et on s’attend à ce qu’il augmente de façon significative cette année2. La croissance et la diversification continues au sein de la base d’investisseurs en obligations catastrophes permettent à un plus grand nombre d’émetteurs de réunir des fonds pour transférer le risque et réduire le coût des catastrophes naturelles.
  • L’assurance paramétrique, qui couvre la probabilité qu’un événement se produise (comme un ouragan majeur) et prévoit des versements selon un calendrier prédéterminé, peut aider les entreprises à réduire le coût de la couverture. L’assurance paramétrique peut élargir la couverture pour les expositions traditionnellement non assurées ou non assurables et permettre aux entreprises de réunir rapidement des fonds en cas de catastrophe.

Se préparer à la volatilité continue

La réévaluation des risques aura une incidence sur tous les secteurs de l’assurance commerciale. L’incertitude a fait augmenter les primes, alors que les bilans de nombreuses entreprises sont très fragiles. Les entreprises devront rajuster leurs couvertures en conséquence.

Après la pandémie, elles devront être en mesure de prendre des décisions plus rapides en matière de risques, car les prix des couvertures devraient continuer d’augmenter. Une meilleure compréhension du risque peut aider les organisations à composer avec la pression exercée sur leurs bilans et leur permettre de trouver des programmes d’assurance économiquement efficaces.

L’appétit pour le risque est propre à une organisation. Les entreprises doivent consolider le risque, conserver un degré de volatilité acceptable et trouver des solutions globales qui répondent à leurs besoins. Elles peuvent revoir leur stratégie de gestion des risques tout en établissant des relations à long terme avec leurs assureurs qui améliorent les renouvellements, les réclamations et l’établissement des prix. Un processus réfléchi apportera la tranquillité d’esprit en des temps incertains.


Sources

1 Aon, Quarterly D&O Pricing Index, Q1 2020 (En anglais seulement)

2 Reinsurance News, Total cat bond issuance surpasses $100bn: Aon Securities, January 2020 (En anglais seulement)